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Doechii – Anxiety : l’art du chaos maîtrisé

  • Issey
  • il y a 2 jours
  • 3 min de lecture

@doechii


Sorti le 18 avril 2025, Anxiety n’est pas qu’un hit TikTok devenu viral. Le clip signé James Mackel transforme cette chanson en un court-métrage aussi déroutant que viscéral. Doechii y traverse littéralement sa propre anxiété, pièce après pièce, comme un cauchemar chorégraphié où chaque symbole, chaque tenue, chaque regard dit quelque chose de plus grand.



Une chanson née en 2019, devenue phénomène en 2025

Avant de cartonner sur Spotify, Anxiety vivait tranquillement sur YouTube, dans une version lo-fi postée en 2019 par Doechii elle-même dans sa série Coven Music Session. Un enregistrement brut, presque confidentiel. Cinq ans plus tard, la chanson refait surface grâce à une tendance TikTok inspirée du Prince de Bel-Air. Le son explose, est samplé sur Somebody That I Used to Know de Gotye, et propulse Doechii dans le top 10 du Billboard Hot 100.


Le chaos comme décor mental

Le clip s’ouvre sur une chambre familière — celle de Coven Music Session — puis bascule. Doechii est tirée de son lit, projetée dans une maison en proie au désordre total. Une équipe SWAT explose les fenêtres, des invités déambulent comme des fantômes, une cuisine prend feu, un chien surgit. Deux jumelles, inspirées de The Shining (et jouées par ses véritables sœurs), apparaissent en robes bleues, muettes, glaçantes.

La tension monte. Et puis vient le moment de rupture.


L’éléphant dans la rue

Quand Doechii sort enfin de la maison, c’est là que l’éléphant apparaît. Sur le trottoir, immense, impassible, il avance lentement dans une rue résidentielle baignée de soleil. Pas besoin d’explication : c’est "l’éléphant dans la pièce", ce truc qu’on ne dit pas, qu’on ne montre pas, mais qui est là, énorme, lourd, impossible à ignorer. Ici, l’anxiété.

Ce n’est pas un gag visuel. C’est un symbole fort. Et Doechii le place exactement au bon moment : celui où elle tente d’échapper au chaos intérieur, pour se heurter au poids silencieux qu’elle traîne dehors.


Un hommage subtil à Gotye

Puis vient la scène hommage : deux personnages peints contre le mur, immobiles, visages fondus dans le décor. Non, ce ne sont pas Gotye et Kimbra — un représentant de Doechii l’a confirmé — mais deux acteurs qui rejouent l’esthétique du clip original de Somebody That I Used To Know. La référence n’est pas gratuite. Elle sert à ancrer l’idée d’identité fragmentée, de mémoire floue, de sentiments figés dans le décor.


MODE : une esthétique de la faille

Ce qui frappe aussi dans ce clip, c’est le stylisme. Signé Sam Woolf, fidèle styliste de Doechii, chaque tenue incarne une émotion.


Look intérieur : tension contrôlée

Dans la maison, elle porte un bandeau blanc Miu Miu, à peine plus qu’un soutien-gorge, tendu, épuré. En bas, une jupe portefeuille asymétrique à pans croisés, dans des tons sombres, portée sur un pantalon large noir. Rien n’est symétrique. Rien ne semble fini. Tout évoque un déséquilibre, un entre-deux, comme si elle portait littéralement ses failles.


Look extérieur : exposition absolue

Dehors, tout change. Doechii n’a gardé que l’essentiel : sa brassière blanche, un short taille haute blanc, façon culotte de sport, et des chaussettes montantes, blanches elles aussi. Pieds nus sur l’asphalte. Ce n’est plus de la mode. C’est un costume de vulnérabilité. Une tenue de crise.

Ce look est brut, frontal, presque dérangeant. Il ne cherche pas à séduire. Il dit : me voilà comme je suis, et je n’ai plus rien à cacher.


Une danse finale comme catharsis

Dans la rue, alors qu’on croit le calme revenu, Doechii est encerclée par plus de 100 danseurs. Une flash mob inquiétante, presque oppressante. Sa propre anxiété, démultipliée, incarnée par les corps des autres. Une scène chorégraphiée qui dit à quel point ce qu’on vit à l’intérieur peut envahir tout l’extérieur. Pas de fuite possible. Juste le mouvement. La musique. Le corps en réaction.


Conclusion : miroir d’elle-même, miroir de nous

Anxiety n’est pas un clip pour illustrer une chanson. C’est une expérience complète. Une descente dans un labyrinthe mental, construite avec humour, avec style, avec une honnêteté rare. En racontant son histoire, Doechii raconte aussi la nôtre : celle d’une génération qui danse avec ses troubles, qui rit dans le chaos, qui cherche la paix dans le vacarme.

Et si on finit encore dans cette chambre, là où tout a commencé, c’est peut-être pour nous rappeler une chose : parfois, les boucles ne se brisent pas. Mais on peut quand même apprendre à les regarder en face. Et à créer avec.


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