Demna quitte Balenciaga pour Gucci : Une nouvelle ère s’ouvre chez Kering

Jeudi 13 mars 2025. Jour de bascule dans l’univers Kering. Après dix ans à la direction artistique de Balenciaga, Demna Gvasalia s’apprête à tourner une nouvelle page. Le créateur géorgien, dont l’approche radicale et visionnaire a redéfini les codes de la maison fondée par Cristóbal Balenciaga, prend la tête de Gucci, la griffe italienne emblématique du groupe dirigé par François-Henri Pinault.

Un passage de flambeau orchestré avec minutie, dans un contexte où Gucci cherche à retrouver son éclat d’antan. Après une année 2024 marquée par un recul des ventes de -21%, l’arrivée de Demna sonne comme un pari audacieux mais stratégique.

Une décennie chez Balenciaga : une empreinte indélébile

Lorsqu’il rejoint Balenciaga en 2015, Demna bouscule tout sur son passage. Son esthétique, imprégnée d’un réalisme brutal et d’une lecture acerbe des mutations sociétales, fait mouche. Sous son impulsion, la maison de couture embrasse le concept d’uniforme contemporain, mêlant minimalisme structurel et exagération des proportions.

Mais son impact ne s’arrête pas là. Il ressuscite la Haute Couture en 2021, après plus d’un demi-siècle d’absence, tout en propulsant Balenciaga au sommet du jeu des collaborations et des pièces virales. Kim Kardashian en robe noire masquée, le hoodie à message politique, la triple S aux semelles mastodontes… autant de coups d’éclat qui ont consolidé son statut de créateur influent.

Son travail ne passe pas inaperçu. Le 27 janvier dernier, François-Henri Pinault en personne le consacre Chevalier des Arts et des Lettres, une distinction qui résonne comme un hommage à son apport considérable dans l’industrie de la mode.

Gucci, un défi de taille pour Demna

C’est donc à un tout autre défi que s’attelle désormais Demna. À compter de juillet 2025, il reprendra les rênes de Gucci, maison en quête d’un second souffle après une phase de transition difficile. Sabato de Sarno, son prédécesseur, n’aura officié que brièvement avant de quitter la marque en février dernier, laissant le champ libre à Kering pour une refonte en profondeur.

Un mouvement qui n’a rien d’anodin. Après le départ de Matthieu Blazy pour Chanel, le groupe choisit de puiser dans ses talents internes pour réinventer Gucci, sa locomotive historique. Un choix stratégique, dicté par l’urgence de raviver l’aura de la maison florentine sur un marché du luxe en constante mutation.

François-Henri Pinault, convaincu du pouvoir disruptif de Demna, ne cache pas son enthousiasme :"La contribution de Demna à l'industrie, à Balenciaga et au succès du Groupe a été immense. Son pouvoir créatif est exactement ce dont Gucci a besoin."

Même son de cloche du côté de Stefano Cantino, Directeur général de Gucci :"L’approche de Demna, capable d’honorer l’héritage d’une maison tout en insufflant une modernité percutante, est exceptionnelle. En s’appuyant sur les fondamentaux désormais consolidés, il saura conduire Gucci vers une nouvelle ère."

De son côté, Demna accueille ce défi avec enthousiasme :"Je suis très heureux de rejoindre la famille Gucci. C'est un honneur de contribuer à une Maison que je respecte profondément et que j'admire depuis longtemps."

L’après Demna chez Balenciaga : un suspense intact

Si la nouvelle direction artistique de Gucci est désormais scellée, une question reste en suspens : qui prendra la suite chez Balenciaga ? Le créateur laisse derrière lui une maison plus influente que jamais, dont la trajectoire future intrigue autant qu’elle fascine.

L'identité de son successeur n’a pas encore été révélée. Kering prendra-t-il le pari d’un talent émergent, ou misera-t-il sur un designer confirmé ? L’attente commence.

Une chose est sûre : Demna n’a pas fini de marquer son époque. Après avoir révolutionné Balenciaga, il s’apprête à insuffler son audace chez Gucci. Un passage de relais stratégique qui redéfinira, sans doute, les contours du luxe de demain.